Discours Journée de l’avortement en toute sécurité Brême 28.09.2020 (Trans* Recht e.V.)
(Si vous ne connaissez pas Trans* Recht e.V., nous sommes une association qui offre des conseils à Brême et dans les environs pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne peuvent que partiellement s’identifier au sexe qui leur a été attribué à la naissance. Vous pouvez trouver nos heures de consultation, nos coordonnées et comment vous pouvez nous soutenir par des dons en nous cherchant sur Google)
Malheureusement, on ne peut pas considérer pour acquis que les gens ont la possibilité d’avoir un avortement en sécurité, légalement et de manière autodéterminée. Au lieu de cela, les aspects de l’autodétermination reproductive sont remis en question à maintes reprises par des courants politiques de droite et aussi conservateurs, dans le but de les restreindre ou de ne pas les autoriser du tout.
Pour beaucoup de personnes concernées, les soins médicaux en matière d’avortement ne sont pas aussi bons qu’ils pourraient, ou plutôt devraient être. Par exemple, parce qu’elles vivent dans un pays où il n’existe pas ou peu de possibilités légales d’avortement et/ou parce que le système de soins est discriminatoire à leur égard.
Comme je parle ici aujourd’hui au nom d’une organisation trans* en Allemagne, je voudrais souligner certains aspects qui peuvent affecter les personnes trans*.
De nombreuses personnes cis (c’est-à-dire les personnes qui s’identifient exclusivement au sexe qui leur est attribué après la naissance) ne savent pas que certaines personnes non binaires et masculines peuvent tomber enceintes. Nous pouvons le constater par le fait que les articles, les livres, le matériel d’information et le langage font généralement référence à “la femme enceinte”. Les médias ou les personnes qui parlent délibérément non seulement des femmes lorsqu’il s’agit de grossesse ou d’avortement sont nettement la minorité. Ainsi, d’un point de vue social, la capacité à tomber enceinte est exclusivement associée aux femmes.
On oublie ainsi qu’il y a aussi des personnes non binaires et des hommes dont le corps possède les organes biologiquement nécessaires à la grossesse.
Par conséquent, l’avortement n’est pas une expérience exclusivement “féminine”. Il y a des hommes et des personnes non-binaires pour qui l’accès à l’avortement est un problème aussi important que pour les femmes cis dya. Cependant, elles ne sont pas reconnues comme des personnes concernées, ce qui entraîne des obstacles et des situations discriminatoires.
Toute personne en Allemagne qui a besoin d’un avortement qui n’est pas pratiqué sur la base d’une indication médicale ou criminologique doit se présenter à un entretien de conseil. Il existe des centres de consultation de diverses institutions qui offrent des conseils sur les conflits liés à la grossesse.
Les personnes non binaires et les hommes trans* se posent des questions avant une telle conversation, que les femmes cis dya n’ont pas à se poser. Par exemple : les employés du centre de conseil sont-ils hostiles aux trans*? Me prendront-ils au sérieux ou me traiteront-ils toujours faussement comme une femme? Le centre de conseil sait-il si les médecins qu’il m’envoie sont trans*hostiles ou trans*amicaux?
De nombreuses personnes trans* ont vécu de mauvaises expériences, abusives, dans le système de santé. Par exemple, parce que diverses plaintes sont simplement attribuées à leur être trans. Ou parce qu’ils ont dû faire l’expérience de la manière dont les médecins ont refusé de les traiter ou les ont considérés comme des “objets d’étude exotiques”.
Cependant, le problème du manque de sensibilité ou d’acceptation ne commence pas au centre de conseil et ne se termine pas dans les cabinet des médecins. Pour que les gens puissent exercer leur droit à l’autodétermination en matière de reproduction, agir de manière responsable et prendre de bonnes décisions pour eux-mêmes, ils doivent connaître leur corps. Cependant, les documents d’information et les sites web courants qui fournissent des informations sur la grossesse, l’avortement ou la contraception ne prennent souvent pas en considération les personnes trans* comme groupe cible. Par conséquent, ils ne répondent pas aux questions que les personnes trans* peuvent se poser. Par exemple, si et comment l’hormonothérapie substitutive affecte la fertilité.
Le fait d’être constamment mégenré est extrêmement inconfortable pour les personnes concernées, et le fait d’assimiler “pouvoir tomber enceinte” à “être une femme” rend moins probable que les personnes non binaires et les hommes trans* soient bien pourvus. Même la pilule du lendemain peut causer des problèmes.
La Chambre fédérale allemande des pharmaciens conseille aux pharmaciens de ne donner le médicament que directement à la personne concernée, afin de s’assurer que celle-ci a reçu des conseils appropriés. Si les gens qui demandent la pilule du lendemain ne ressemblent pas aux idées de l’apparance d’une personne enceinte, cela peut entraîner des problèmes. Car il est fort possible que les personnes concernées ne soient pas crues lorsqu’elles expliquent qu’elles ont besoin de ce médicament pour elles-mêmes.
Afin d’améliorer la situation des personnes trans* concernées, il est nécessaire que toutes les personnes concernées – centres de conseil, pharmaciens, médecins – reçoivent une formation complémentaire et que la société reconnaisse que les femmes ne sont pas les seules à tomber enceintes. Ce sera probablement un processus social difficile et prolongé – mais nous savons que les choses sont difficiles et prennent beaucoup de temps par rapport à d’autres contextes où l’autodétermination reproductive des groupes marginalisés est en jeu.
Comme aujourd’hui est la Journée de l’avortement sans risque, j’ai principalement abordé les aspects qui éclairent l’accès à l’avortement ou à la contraception pour les personnes trans* concernées. Cependant, je voudrais également mentionner que le terme d’autodétermination reproductive inclut un certain nombre d’autres choses qui peuvent affecter les personnes trans*. En effet, les personnes trans* et leur corps ne sont pas non plus pris en compte dans les soins de santé pendant la grossesse ou dans la médecine reproductive moderne, car une attitude cisnormative prévaut dans tous les domaines médicaux. Être cis est considéré comme “le normal”, tandis qu’être trans* est “l’autre”.
L’autodétermination physique et reproductive signifie que un un accès légal et sûr à l’avortement doit être garanti pour tous. De même, il faut leur garantir que leur intégrité physique est protégée et qu’ils ne sont pas désavantagés lorsqu’ils portent un enfant ou décident d’une manière générale d’élever des enfants.
Jusqu’en 2013, les personnes trans* en Allemagne devaient se faire stériliser pour obtenir l’autorisation de modifier officiellement leur ètat civil. C’est encore le cas dans de nombreux autres pays. Ce n’est pas un hasard si une société cisnormative a produit des lois et des modes de pensée qui attaquent et violent les organes reproducteurs et donc l’autonomie corporelle des personnes abinares, trans* femmes et trans* hommes. Il ne s’agit pas seulement d’organes, de parties du corps et de leurs fonctions biologiques. Il s’agit de savoir quelles formes de famille sont considérées comme souhaitables et lesquelles doivent être rendues impossibles. Il s’agit de savoir quels groupes de personnes sont considérés comme précieux et lesquels sont dévalorisés parce que “nous ne voulons pas de ces personnes ici et nous ne voulons pas de leurs enfants ici”.
À ce stade, il devrait être clair que les luttes des différentes communautés sont entremêlées. Le capicatisme, le racisme, l’antisémitisme, le classisme et la trans*misia, par exemple – dans toutes ces formes de dévalorisation et d’oppression, on peut trouver des façons de penser comme : “Ils ne devraient pas être autorisés à avoir des enfants” ou “Ils ne peuvent pas décider du tout. Ils ne savent pas ce qui est bon pour eux”.
Je réitère donc la demande de l’Alliance de de grève des femmes et queers Bremen : Autodétermination et justice reproductive pour tous!
Maintenant!